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Revenons à la problématique climatique, il est d’ailleurs aujourd’hui impossible d’y échapper. La transformation de nos habitudes s’avère indispensable. Aussi vite que nous avons « réussi » à modifier le climat vers son déséquilibre, plus vite encore nous devons réagir et changer nos habitudes pour tenter de rétablir la balance, ou au moins essayer de ralentir le dérèglement.

Le développement faramineux de nos modes de vie, en particulier dans notre monde occidental a eu lieu grâce aux énergies fossiles. Merveilleux pétrole qui, avec le gaz et le charbon, a empuanti l’atmosphère et permis un développement dans tous les secteurs de notre vie.

Mais, si ces énergies ont permis l’essor de la santé, de la science, de la culture, de l’éducation, des arts (sans ordre de priorité), les inégalités nationales, européennes ou mondiales, elles, ne se sont pas réduites. Pour mieux comprendre la problématique de ces différences de développement mondiales, on peut les comparer, par exemple, aux inégalités observées au sein d’un pays comme la France, entre les plus mal lotis et les classes supérieures. Comme il est impossible de limiter les déplacements des ménages les moins aisés en imposant une taxe carbone uniforme ; il est impossible de tenir un discours culpabilisant à un pays en développement en lui reprochant d’utiliser son charbon ou son pétrole pour développer son système de santé ou d’éducation. Demander la sobriété aux plus défavorisés, c’est limiter leurs espoirs de sortir de la pauvreté.

Cependant, il convient, dès aujourd’hui, d’adapter nos modes de vie et de transport, non pas parce que l’essence, le gaz et l’électricité sont chers, mais parce qu’ils vont finir par manquer. Plus vite, les solutions seront développées mieux nous serons préparés aux futures pénuries. Et, il ne s’agit pas d’un mauvais moment à passer, mais d’un changement définitif d’organisation et de priorités. Il n’y a pas de retour en arrière possible. Il est plus que temps de mettre à l’ordre du jour : « On n’a plus de pétrole, mais on a des idées »

Les solutions à développer nécessiteront des actions sur du court, du moyen et du long terme. Au niveau individuel, il est possible d’agir en réduisant la climatisation et le chauffage dans son logement, en limitant les transports individuels en voiture, en adoptant un régime alimentaire à base de plantes, en réduisant les vols en avion…

Alors comment faire dès aujourd’hui? Pour rappel, un des plus grands pollueurs de la planète est le secteur des transports : 25% pour le monde, 29 % pour l’Europe des 27 et 41 % pour la France (Agence Internationale de l’Energie, 2020).

Commençons donc par nos déplacements !  Pour les centres urbains, le vélo (avec ou sans assistance électrique) et la marche, semblent être la solution idéale, ces transports sont aussi appelés transports actifs :

Quels sont les avantages des transports actifs ?

  • Ils sont bénéfique pour la santé :
    • Une société de plus en plus sédentarisée bénéficierait largement d’exercices quotidiens. Il a été montré qu’une activité quotidienne réduisait par exemple, les risques de maladies cardiovasculaires, du diabète de type 2, de l’ostéoporose, de la dépression. L’étude « Assessing the Health Benefits of Physical Activity Due to Active Commuting in a French Energy Transition Scenario” (Barban P, De Nazelle A, Chatelin S, Quirion P and Jean K (2022) Int J Public Health 67:1605012. doi: 10.3389/ijph.2022.1605012) évalue à près de 3000 décès précoces évités annuellement à partir de 2025 grâce aux transports actifs. L’étude propose un scénario avec des augmentations en volume de 11% pour la marche et 612% pour le vélo sur la période 2021-2050.
    • Dans la même étude, les gains d’une société plus active et donc moins malade sont évalués à 10 milliards d’euros par an à partir de 2025 (en se basant sur les frais engagés pour sauver une vie ou traiter des malades).
    • Une meilleure santé, c’est aussi moins d’absentéisme au travail
  • Ils sont bénéfiques pour l’environnement :
    • Amélioration de la qualité de l’air par la réduction importante de la quantité de CO2 émise. (Cycling is ten times more important than electric cars for reaching net-zero cities d’après Christian Brand. Le site de ce professeur regorge d’études et d’analyses sur le transport, l’énergie et l’environnement https://www.tsu.ox.ac.uk/people/cbrand.html).
    • Si on considère la chaine complète de fabrication, réparation, recyclage, le vélo est toujours largement gagnant par rapport à la voiture, pour la diminution des gaz à effet de serre. Une simple comparaison du poids des matériaux utilisés permet déjà de le comprendre : 20 kg de matériaux pour un vélo et 1400 kg pour une voiture.
  • Ils diminuent la pollution par le bruit.
  • Ils diminuent notre dépendance énergétique.
  • Ils sont peu onéreux : il est plus facile d’investir dans un ou plusieurs vélos (ou une bonne paire de chaussures) que dans une voiture, sans compter qu’avec le prix de l’essence qui fluctue, le vélo offre une base stable. L’entretien est aussi bien meilleur marché.
  • Ils sont plus rapides dans les centres villes, ils réduisent les problèmes de bouchon et permettent le développement de zones piétonnes commerciales.
  • Leur mise en place est immédiate. Il ne faut pas attendre 5 à 10 ans comme pour les nouvelles voitures électriques et leurs stations électriques.
  • Ils réduisent l’entretien des routes et la pollution liée à la construction d’infrastructures routières plus envahissantes et consommatrices de matériaux.
  • Un nouveau marché du vélo et du tourisme à vélo peut se développer avec des emplois à la clef.

Mais il faut :

  • Des infrastructures telles que:
    • La mise en place de réseaux étendus de pistes cyclables et de cheminements piétons (en particulier pour les villes moins denses et mal desservies par les transports en commun)
    • Des modalités étendues pour les combiner avec les transports en commun.
    • Des garages à vélo sûrs et faciles d’accès, des douches sur les lieux de travail.
  • Une filière vélo qui assure la fabrication complète des vélos avec ou sans assistance électrique (afin d’éviter une nouvelle dépendance).
  • Des réseaux de réparation (des commerces, des ateliers partagés).
  • Des formations pour les usagers et en particulier pour les enfants afin que non seulement ils connaissent le code la route mais aussi qu’ils apprennent à entretenir leur vélo.
  • Un lobby vélo aussi développé que le lobby voiture.
  • Et bien sûr des politiques publiques à la hauteur de ces enjeux.

Donc, si la solution apparait « facile » pour les déplacements particuliers dans les centres urbains, il est cependant nécessaire d’assurer le transport des marchandises au sein même des centres urbains. Et même si l’on voit de plus en plus de cycles combinés avec des remorques dans tous les styles, certaines denrées ou matériaux volumineux nécessiteront toujours des poids lourds au sein de nos villes. Pour ces trajets en centre-ville, on pourrait imaginer que les poids lourds passent en mode électrique ? ou via des lignes de tram ?

Le vélo est un moyen de locomotion universel, utilisé partout dans le monde par les femmes comme par les hommes. Cependant, il est essentiel de penser aux personnes qui ne peuvent pas l’utiliser, que ce soit pour des raisons d’âge, de blessure, de maladie ou de handicap. Si le vélo apparait comme une solution idéale en milieu urbain, et nous offre une meilleure qualité de vie, il va être essentiel de bien définir les règles de circulation et d’assurer la protection des usagers les plus faibles, piétons et personnes à mobilité réduite.

Pour ce qui est du milieu rural, la problématique est différente. Les distances et l’éloignement des centres urbains, et des réseaux de transport en commun, nécessitent encore des véhicules motorisés, et dès lors, de préférence électriques!